T 0162/82 (Classification de zones) of 20.6.1987

European Case Law Identifier: ECLI:EP:BA:1987:T016282.19870620
Date de la décision : 20 Juin 1987
Numéro de l'affaire : T 0162/82
Numéro de la demande : 80300896.0
Classe de la CIB : G06F 3/153
Langue de la procédure : EN
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Titre de la demande : -
Nom du demandeur : Sigma
Nom de l'opposant : -
Chambre : 3.5.01
Sommaire : 1. Les Directives relatives à l'examen doivent être uniquement considérées comme des instructions générales établies dans l'intention de couvrir des cas courants. La division d'examen peut donc s'en écarter, à condition d'agir conformément à la CBE. Lorsqu'elle examine la décision de la division d'examen, la Chambre de recours doit trancher la question de savoir si la division a agi conformément à la CBE, et non si elle a agi conformément aux Directives.
2. Il n'existe aucune raison de soumettre à la Grande Chambre de recours une question de droit concernant la mesure dans laquelle la division d'examen et la Chambre de recours doivent tenir compte des Directives lorsqu'elles interprètent les dispositions de la CBE, afin d'assurer une application uniforme du droit. Une réponse claire semble déjà avoir été apportée à cette question par l'introduction générale aux directives (point 1.2) en ce qui concerne la division d'examen, et par l'article 23(3) CBE pour ce qui est de la Chambre de recours.
Toute autre question en la matière ne saurait porter que sur des cas d'espèce, qui ne peuvent être examinés indépendamment des faits. Par conséquent, elle ne peut pas être soumise à la Grande Chambre de recours (Article 112(1) CBE).
3. L'expression "aussi souvent qu'il est nécessaire", qui figure à l'article 96(2) CBE, signifie que la division d'examen dispose d'un pouvoir d'appréciation devant être exercé objectivement, à la lumière des circonstances propres à chaque espèce. La division d'examen se trouve ainsi dégagée de toute obligation d'envoyer des notifications qui pourraient être jugées superflues d'un point de vue raisonnable et objectif. Dans l'intérêt de procédures d'examen régulièrees et rationelles, il y a lieu d'éviter l'envoi de plusieurs notifications, lorsqu'il ne pairaît pas vraisemblement que cela conduira à un résultat posititf (conformément à la décision T/161/82, JO OEB 11/1984, p. 551 s.).
4. La règle 29(1) CBE dispose qu'une revendication doit comporter deux parties, si les cas d'espèce le justifie. Il a déjà été décidé (T 13/84, JO OEB 8/1986, p. 253 à 260) que la formulation en deux parties d'une revendication se justifie s'il existe un état de la technique nettement défini dont l'objet revendiqué se distingue par d'autres caractéristiques techniques. La mesure dans laquelle l'état de la technique est cité dans la description, est régie par la règle 27 CBE et elle ne saurait constituer un facteur déterminant dans la réponse à la question de savoir si la formulation d'une revendiaction en une seule ou en deux parties se justifie dans un cas d'espèce.
Dispositions juridiques pertinentes :
European Patent Convention 1973 Art 56
European Patent Convention 1973 Art 96(2)
European Patent Convention 1973 Art 112(1)
European Patent Convention 1973 Art 113(1)
European Patent Convention 1973 R 29(1)
European Patent Convention 1973 R 67
Mot-clé : Activité inventive (oui)
Revendication en une seule partie (non admissible)
Remboursement de la taxe de recours (non)
Saisine de la Grande Chambre de recours de la question de savoir dans quelle mesure les Divisions d'examen et les Chambres de recours sont liées par les Directives (refusée)
Exergue :

-

Décisions citées :
-
Décisions dans lesquelles
la présente décision est citée :
T 0098/88
T 0074/89
T 0236/89
T 0633/89
T 0079/91
T 0734/91
T 0793/92
T 0891/92
T 0089/93
T 0516/93
T 0520/94
T 0149/96
T 0161/96
T 0957/96
T 1090/96
T 0201/98
T 0958/99
T 0638/00
T 0768/01
T 0095/04
T 0726/04
T 0206/05
T 1537/05
T 1561/05
T 1063/06
T 0435/07
T 2377/09
T 0301/10
T 0736/14
T 0056/21

Exposé des faits et conclusions

I. La demande de brevet européen n° 80 300 896.0 déposée le 21 mars 1980 et publiée sous le n° 0 016 651, pour laquelle est revendiquée la priorité d'une demande antérieure déposée au Royaume-Uni le 21 mars 1979, a été rejetée par décision de la Division d'examen 065 de l'Office européen des brevets en date du 6 juillet 1982. Cette décision a été rendue sur la base des revendications 1 à 13, déposées le 23 février 1982.

II. La demande a été rejetée au motif que l'objet des revendications indépendantes 1 et 9 n'implique pas d'activité inventive par rapport au contenu des documents FR-A-2 393 496 ; K.S. Fu "Digital Pattern Recognition", 1976, pp. 162 et 163 ; et GB-A-1 405 882.

III. La requérante a formé un recours contre cette décision le 27 août 1982. La taxe de recours a été payée le 30 août 1982, et le mémoire exposant les motifs du recours a été déposé le 25 octobre 1982.

IV. Dans deux notifications respectivement datées du 25 mars 1985 et du 24 avril 1986, le rapporteur de la Chambre de recours a formulé des objections à l'encontre des revendications alors valables.

V. L'argument essentiel que la requérante a présenté dans son mémoire exposant les motifs du recours, ainsi que dans les réponses qu'elle a adressées aux notifications susmentionnées, est qu'aucun des documents cités à l'encontre de la demande, seul ou combiné avec les autres, ne pourrait conduire l'homme du métier à concevoir un dispositif d'affichage à trame analogue au dispositif revendiqué, lequel est capable de déterminer quels sont sur l'écran les points situés à l'intérieur d'une zone délimitée par un contour donné, et qui a au moins l'avantage par rapport aux dispositifs faisant partie de l'état de la technique, de ne pas donner de résultat erroné dans le cas d'un contour formant un creux. Le raisonnement ayant conduit la Division d'examen à rendre sa décision serait en partie fondé sur une appréciation erronée de l'état de la technique. Il a été souligné notamment que le document FR-A-2 393 406 ne divulgue pas le principe général de l'invention, qui consiste à déterminer s'il existe une ligne allant vers le point de référence (ou l'un des points de référence).

VI. La requérante a sollicité la délivrance d'un brevet européen sur la base de la revendication 1, dont la version A de la revendication 1, déposée le 8 octobre 1985, s'énonce comme suit:

Subsidiairement, la requérante a formé une requête en délivrance d'un brevet européen sur la base des revendications 1 à 11, déposées le 20 octobre 1986, et dont les revendications indépendantes s'énoncent comme suit :

VII. La requérante demande le remboursement de la taxe de recours. Elle fait principalement valoir à cet effet qu'en rejetant la demande immédiatement après avoir reçu la réponse que la demanderesse lui avait adressée à la suite de la première notification, la Division d'examen a enfreint l'article 113(1) CBE ainsi que les dispositions applicables des Directives relatives à l'examen (partie C, chapitres IV et VI) ce qui constituerait un vice substantiel de procédure au sens de la règle 67 CBE.

VIII. A l'appui de cette requête, la requérante fait valoir qu'elle a vraiment essayé de répondre aux objections formulées dans la notification. Les Directives énoncent que si, dans de telles circonstances, il n'a pas été répondu à toutes les objections formulées, l'examinateur doit essayer de reprendre contact avec le demandeur. Le simple fait que la requérante se soit montrée en désaccord avec le point de vue exprimé dans la notification ne devrait pas laisser présumer que la requérante ne s'est pas sérieusement efforcée de répondre aux objections.

IX. D'autre part, la requérante prétend que, dans sa décision, la Division d'examen a avancé des arguments fondés sur des antériorités qui n'étaient pas citées dans sa première notification, et qui différaient nettement de ceux employés dans la notification. Ces arguments constitueraient des motifs nouveaux de rejet de la demande, sur lesquels la requérante n'aurait pas eu la possibilité de présenter ses observations, et l'article 113(1) CBE se trouverait ainsi enfreint.

X. La requérante estime enfin que, lorsqu'elle examine la démarche adoptée par la Division d'examen, la Chambre de recours devrait tenir compte des Directives (sans pour autant être liées par elles), dans la mesure où elles fournissent, ne serait-ce qu'à titre indicatif, des renseignements quant au sens dans lequel il convient d'interpréter les dispositions de la Convention.

Motifs de la décision

1. Le recours répond aux conditions énoncées aux articles 106, 107 et 108, ainsi qu'à la règle 64 de la CBE ; il est donc recevable.

2. ... (Activité inventive)

(...)

5. ... Pour les motifs qui précèdent, la Chambre considère que la revendication 1 telle qu'énoncée dans sa version A n'implique pas une activité inventive et que, de ce fait, elle n'est pas admissible.

6. ... La Chambre estime par conséquent que les modalités de contrôle, telles que définies par les caractéristiques supplémentaires de la revendication 1 déposées le 20 octobre 1986 et se rapportant au mode de balayage ne sauraient, en combinaison avec les caractéristiques déjà décrites dans la version A, être considérées par l'homme du métier comme découlant de manière évidente des documents cités. Il en va de même de la revendication indépendante 8.

(...)

9. Concernant la requête en remboursement de la taxe de recours, qui a été formulée par la requérante, la Chambre doit avant tout constater que sa position à l'égard des Directives pour l'examen est régie par l'article 23(3) CBE. En application de cet article, les Chambres de recours ne sont pas liées par les Directives. L'article 15(2) du règlement de procédure des chambres de recours prescrit seulement que si, dans sa décision, une chambre interprète la Convention d'une façon différente de celle adoptée dans les Directives, elle indique les motifs de son choix lorsque, à son avis, cela facilite la compréhension de la décision. Les chambres de recours sont donc présumées connaître les Directives, mais elles ne sont pas tenues de s'y conformer. La question de savoir si, dans un cas d'espèce, une chambre a ou non appliqué correctement les Directives est cependant tout à fait différente. Il ressort de l'introduction générale des Directives que celles-ci doivent être uniquement considérées comme des instructions générales, établies dans l'intention de couvrir les cas courants. La division d'examen peut donc dans une certaine mesure s'écarter des Directives générales dans un cas d'espèce. Elle doit cependant agir sans sortir des limites définies par la CBE. Compte tenu également des dispositions de l'article 23(3) CBE, selon lesquelles, dans leurs décisions, les chambres doivent se conformer aux seules dispositions de la Convention, la Chambre considère que son rôle est d'apprécier sur la base des faits de la cause la question de savoir si la Division d'examen a agi en conformité avec les dispositions de la CBE.

10. Dans la présente espèce, le premier examinateur a, dans sa première notification, adopté une position motivée quant à la brevetabilité de l'objet de la demande, et il a suggéré une possibilité de modification en vue de donner à la demande la forme requise pour une délivrance. Dans sa réponse, la demanderesse s'est efforcée de persuader l'examinateur de reconsidérer son point de vue, mais elle ne s'est absolument pas montrée disposée à modifier la demande sur des points essentiels, que ce soit dans le sens suggéré par l'examinateur ou de toute autre manière susceptible d'avoir sa préférence au cas où l'examinateur n'aurait pas été convaincu par les arguments a contrario présentés par la demanderesse. Dans ce contexte, il convient tout particulièrement de noter que la demanderesse s'est refusée à admettre dans la description les documents cités comme faisant partie de l'état de la technique, parce qu'elle considérait qu'une telle modification serait extrêmement dangereuse et qu'elle risquerait de susciter un motif d'opposition en vertu de l'article 100 ou encore d'annulation en vertu de l'article 138 CBE.

11. Les arguments concernant l'absence d'activité inventive contenus dans la notification et dans la décision faisaient référence aux mêmes documents, la seule différence étant que le raisonnement sur lequel la Division d'examen a fondé sa décision a été adapté et approfondi afin de tenir compte de l'argumentation développée par la demanderesse dans sa réponse à la notification. La Chambre ne perçoit cependant aucune différence essentielle entre les deux raisonnements. Par conséquent, la Chambre ne peut suivre la requérante lorsque celle-ci affirme que la décision est fondée sur des motifs au sujet desquels elle n'a pas eu la possibilité de présenter ses observations.

12. La Chambre estime que l'expression "aussi souvent qu'il est nécessaire", qui figure à l'article 96(2) CBE, signifie que la Division d'examen dispose d'un pouvoir d'appréciation devant être exercé objectivement, à la lumière des circonstances propres à chaque espèce. Elle doit notamment s'interpréter en ce sens qu'il est nécessaire d'inviter à plusieurs reprises le demandeur à présenter ses observations si l'on peut raisonnablement escompter, grâce à la poursuite des discussions à ce sujet avec le demandeur, un rapprochement des points de vue divergents du demandeur et de la Division d'examen quant à l'admissibilité de la demande ou à des modifications susceptibles de lever les objections formulées. Bien entendu, cet article n'exclut pas que des notifications puissent être adressées au demandeur dans d'autres circonstances, mais la Division d'examen se trouve dégagée de toute obligation d'envoyer des notifications qui pourraient être jugées superflues d'un point de vue raisonnable et objectif. Dans l'intérêt de procédures d'examen régulières et rationnelles, il y a lieu d'éviter l'envoi de plusieurs notifications, lorsqu'il ne paraît pas vraisemblable que cela conduira à un résultat positif.

13. Dans une décision précédente, la Chambre avait établi que ni l'article 113(1), ni l'article 96(2) CBE n'exigent que soit donnée aux demandeurs la possibilité de prendre à nouveau position sur l'argumentation de la Division d'examen, tant que les objections essentielles s'opposant à la délivrance du brevet restent les mêmes (décision T 161/87, JO OEB n° 11/1984, p. 551 s.).

14. Compte tenu de la teneur générale de la réponse apportée par la demanderesse, la Chambre considère qu'en décidant en l'espèce de rejeter immédiatement la demande, la Division d'examen n'a aucunement commis un excès de pouvoir qui aurait constitué un vice substantiel de procédure au sens de la règle 67 CBE.

15. Même dans l'hypothèse o", comme le prétend la requérante, le raisonnement qui sous-tend la notification et la décision s'inspirerait, au moins en partie, d'une interprétation erronée de l'état de la technique de la part de la Division d'examen, cela ne changerait rien à la situation, parce qu'une erreur dans l'interprétation d'un document ne saurait être assimilée à un vice de procédure. La Chambre de recours technique 3.4.1 a récemment décidé qu'une erreur dans l'interprétation d'une lettre adressée par un demandeur à la Division d'examen concernée constituait une erreur de jugement, et non pas un vice de procédure, et qu'il n'y avait donc pas motif à remboursement de la taxe de recours (décision T 19/87 Procédure orale/FUJITSU, en date du 16 avril 1987 - sera publiée prochainement).

16. La requérante a suggéré de soumettre à la Grande Chambre de recours une question de droit concernant la mesure dans laquelle la division d'examen et la chambre de recours doivent tenir compte des Directives lorsqu'elles interprètent les dispositions de la CBE, afin d'assurer une application uniforme du droit.

La Chambre ne voit aucune raison d'accéder à cette requête, étant donné que, ainsi qu'il a été exposé au point 9, la question générale de droit qui est en cause apparaît déjà résolue au paragraphe 1.2 de l'Introduction Générale des Directives en ce qui concerne la division d'examen, et par l'article 23(3) CBE, pour ce qui est de la Chambre de recours.

Toutes autres questions à cet égard ne peuvent se rattacher qu'à des espèces particulières, qui ne peuvent pas être examinés indépendamment des faits. Elles ne peuvent donc pas être soumises à la Grande Chambre de recours (article 112(1) CBE).

17. La requérante a finalement demandé l'autorisation de présenter les revendications 1 et 8 formulées en une seule partie. Excipant des Directives, Partie C, III, 2.3b, elle a fait valoir que toutes les références à l'état de la technique étaient déjà contenues dans la partie introductive de la description.

18. La Chambre considère que cette requête est irrecevable pour les raisons suivantes : la règle 29(1) CBE dispose qu'une revendication doit comporter deux parties, si le cas d'espèce le justifie. Dans un recours précédent (décision T 13/84, JO OEB n° 8/1986, p. 253 - 260), la Chambre a décidé que la formulation en deux parties d'une revendication se justifie s'il existe un état de la technique clairement défini, dont l'objet revendiqué se distingue par d'autres caractéristiques techniques, ce qui est le cas de la présente demande. La mesure dans laquelle l'état de la technique est cité dans la description est fixée par la règle 27 CBE et, selon la Chambre, elle ne saurait constituer un facteur déterminant dans la réponse à la question de savoir si la formulation d'une revendication en une seule ou en deux parties se justifie dans un cas déterminé.

DISPOSITIF

Par ces motifs, il est statué comme suit :

1. La décision attaquée est annulée.

2. L'affaire est renvoyée devant la première instance pour délivrance d'un brevet européen sur la base des pièces suivantes :

a) les revendications 1 à 11 telles que déposées le 20 octobre 1986

b) la description, compte tenu des modifications apportées les 23 février 1982 et 20 octobre 1986

c) les dessins tels qu'initialement déposés.

3. La requête en remboursement de la taxe de recours est rejetée.

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