European Case Law Identifier: | ECLI:EP:BA:2018:R000317.20180524 | ||||||||
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Date de la décision : | 24 Mai 2018 | ||||||||
Numéro de l'affaire : | R 0003/17 | ||||||||
Requête en révision de : | T 1224/14 | ||||||||
Numéro de la demande : | 05110367.9 | ||||||||
Classe de la CIB : | C04B 26/02 C04B 28/02 C09K 3/22 C04B 24/26 C04B 24/36 |
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Langue de la procédure : | FR | ||||||||
Distribution : | B | ||||||||
Téléchargement et informations complémentaires : |
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Titre de la demande : | Composition de mortier, son procédé de préparation et son utilisation | ||||||||
Nom du demandeur : | Parexgroup S.A. | ||||||||
Nom de l'opposant : | VICAT PRODUITS INDUSTRIELS VPI Henkel AG & Co. KGaA Construction Research & Technology GmbH Saint-Gobain Weber Bostik SA Uzin Utz AG ARDEX GMBH |
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Chambre : | EBA | ||||||||
Sommaire : | - | ||||||||
Dispositions juridiques pertinentes : |
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Mot-clé : | Décision sur le recours sans avoir statué sur une requête pertinente pour cette décision. (Non). Violation du droit dêtre entendu. (Non). Requête manifestement non fondée. |
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Exergue : |
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Décisions citées : |
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Décisions dans lesquelles la présente décision est citée : |
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Exposé des faits et conclusions
I. La présente requête en révision est dirigée contre la décision T 1224/14 rendue par la chambre de recours technique 3.3.05 le 18 janvier 2017.
II. Par cette décision la chambre de recours technique a rejeté le recours formé par la requérante, titulaire du brevet, à lencontre de la décision de la division dopposition ayant révoqué le brevet européen n°1 783 105, au motif quaucune des requêtes en instance ne satisfaisait aux exigences de lArticle 123(2) CBE.
III. La requête en révision en date du 11 mai 2017 est fondée sur les dispositions de lArticle 112bis(2) c) et d) CBE.
Les griefs formulés sont de deux ordres distincts.
a) La requérante fait valoir en premier lieu que la division dopposition naurait ni organisé « un débat nourri », ni a fortiori motivé sa décision relative à la recevabilité du disclaimer contenu dans la revendication 1 au regard de la décision G 2/10 (JO OEB 2012, 376), de sorte que la requérante a été privée dun double degré de juridiction sur ce point qui pourtant était central dans laffaire en cause. Elle relève que cette objection a été soulevée lors de la procédure orale du 18 janvier 2017 mais quelle ne figure pas au procès-verbal, raison pour laquelle elle a présenté une requête en rectification dudit procès-verbal. Celle-ci navait pas reçu de réponse à la date de dépôt de la requête en révision. La chambre de recours technique a ainsi rendu sa décision sans statuer sur une requête pertinente pour cette même décision en infraction à la Règle 104 b) CBE.
b) La requérante expose en second lieu que la chambre de recours technique aurait dune part, enfreint les dispositions de lArticle 20(1) du règlement de procédure des chambres de recours (RPCR) en ce quelle na pas motivé sa décision en considération des motifs (contraires) contenus dans la décision T 83/13 citée par la requérante, ni informé le Président de lOffice.
Dautre part, la chambre aurait également enfreint les dispositions de lArticle 21 RPCR en ce quelle sest écartée de linterprétation de lArticle 123(2) CBE donnée par la Grande Chambre de Recours dans la décision G2/10 en ce qui concerne les disclaimers, sans saisir la Grande Chambre de Recours, comme cet article lui en faisait obligation.
La requérante estime que ces violations du RPCR ont engendré à son détriment des violations subséquentes des dispositions de lArticle 113(1) CBE.
Elle demande en conséquence lannulation de la décision contestée et la réouverture de la procédure de recours.
La Grande Chambre de Recours a émis un avis provisoire adressé à la requérante le 20 décembre 2017, aux termes duquel la requête en révision apparaissait manifestement non fondée.
Par lettre en date du 20 février 2018, la requérante a maintenu des demandes, fourni des précisions de fait et de droit et sollicité la tenue dune procédure orale.
La procédure orale a eu lieu le 24 mai 2018. Au cours de celle-ci la requérante a maintenu ses requêtes.
Motifs de la décision
1. Sur la recevabilité de la requête en révision.
La requête a été déposée dans la forme et le délai prévus. Il en va de même du paiement de la taxe de révision. Sous réserve du respect des dispositions de la Règle 106 CBE, ce qui sera examiné ci-après (cf. point 3.1.1), la requête apparaît recevable.
2. Sur le premier grief
2.1 Dans son mémoire de recours en date du 26 août 2014, la société Parexgroup S.A., alors requérante, avait sollicité le remboursement de la taxe de recours au motif que la division dopposition aurait enfreint les dispositions de lArticle 113(1) CBE en ce que :
- une liste consolidée de documents avait été produite par la division dopposition juste au début de la procédure orale,
- la division sétait référée à une norme FD P 18-542, qui, si elle était bien citée dans la procédure, navait pas été produite dans son intégralité avant la procédure orale. Or, la division dopposition sétait appuyée sur ce document pour apprécier lactivité inventive,
- la demande de rectification du procès-verbal de la procédure orale devant la division dopposition, relative à lintroduction de la norme susvisée, a été refusée sur le fondement de motifs insuffisants et erronés qui justifient que cette décision soit annulée,
- le rejet du disclaimer introduit dans la revendication naurait pas été motivé,
- enfin, la décision de la division dopposition serait fondée sur une mauvaise compréhension linguistique : une « fine nuance sémantique » contenue dans le document français D5, pourtant déterminante pour la décision, na pas été appréhendée par les membres de la division dopposition dont aucun nétait de langue maternelle française.
2.2 Cette requête en remboursement de la taxe de recours pour vice substantiel de procédure fondée sur la règle 103(1) a)CBE a été expressément abandonnée au seuil des débats devant la chambre de recours technique ainsi quil résulte de la décision (voir point VI des faits). La requérante le confirme expressément en ces termes (voir page 2 de la requête en révision, lignes 10 et 11): « La requérante sest donc vue contrainte de renoncer à ses requêtes fondées dannulation de la décision de la division dopposition pour vice de forme.» Au paragraphe C. « Procédure de recours », page 3 de la requête en révision, la requérante expose ainsi la nature de la contrainte qui la conduite à abandonner cette requête: « [I]l est évident pour tous les praticiens quune chambre de recours peut être contrariée par des débats préalables au cours desquels la requérante défie dune certaine façon la chambre de recours en pointant un vice de procédure.
Il va de soi quune telle contrariété nest pas de bonne augure (sic) pour la requérante, dans la perspective de discussions sur le fond ultérieures...dont elle na pas eu lopportunité de débattre en première instance.
Il doit donc être considéré que le fait dêtre ainsi placé dans une position de faiblesse et de vulnérabilité, constitue pour la requérante une violation indubitable de son droit dêtre entendu... »
La requérante semble estimer que la situation de contrainte ci-dessus décrite et le fait que lopposante 10, intimée, a, au cours de la procédure orale devant la chambre, relevé cette absence de « débat nourri » et de motivation du rejet du disclaimer litigieux constituant, selon ce qui est soutenu, une obstruction au droit dêtre entendu commise par la Division dOpposition, aurait justifié que la chambre se saisisse doffice de ce moyen pour annuler la décision. Cest la raison pour laquelle la requérante a tenté dobtenir la rectification du procès-verbal de la procédure orale devant la chambre technique. En effet, lopposante aurait fait expressément état de loccultation du débat en première instance sur la recevabilité du disclaimer b) de la revendication 1 de la requête principale.
Cette requête en rectification du procès-verbal de la procédure orale du 18 janvier 2017 a bien été adressée à la chambre de recours technique 3.3.05, mais le 11 mai 2017, soit conjointement à la requête en révision. Une décision de refus été notifiée le 30 mai 2017.
2.3 Cependant, à la date à laquelle cette requête a été présentée, la décision écrite était déjà notifiée à la requérante depuis le 30 mars 2017. Il est donc clair que la chambre de recours technique ne pouvait pas statuer sur cette demande ni avant, ni dans sa décision écrite, ce dont, à lévidence, nul ne peut lui faire grief.
2.4 En tout état de cause, le fait que ces déclarations de lintimée aient figuré ou non au procès-verbal était sans influence sur la décision à intervenir dès lors que les demandes quelles étaient de nature à étayer avaient dores et déjà été abandonnées dans des termes parfaitement clairs et cet abandon non contesté ayant du reste été réitéré au cours de la procédure orale devant la Grande Chambre de Recours.
2.5 Il ne peut davantage être sérieusement fait grief à la Chambre de Recours de ne sêtre pas saisie doffice dune requête expressément abandonnée au seuil de laudience.
En effet, le vice fondamental de procédure visé à la Règle 104 b) CBE concerne le fait pour une chambre de recours davoir omis de statuer sur une requête pertinente pour la décision. Il sagit là de sanctionner par lannulation une décision dans laquelle une requête, qui existait au moment où la chambre a statué, a été ignorée, alors que lissue de laffaire aurait pu en être modifiée sil en avait été autrement.
Il nentre en revanche pas dans les prévisions de cette règle, qui est dinterprétation stricte comme se rapportant à une voie de recours extraordinaire, de sanctionner le défaut pour une chambre de recours davoir relevé doffice un vice substantiel de procédure, à le supposer établi. Si on peut estimer, comme cela a été relevé à laudience par la requérante, quil est du devoir dune chambre de se saisir doffice des violations graves de procédure, ce devoir participant au respect du principe général déquité qui doit prévaloir dans des procédures de nature judiciaire, lobjet de la Règle 104 b) CBE nest clairement pas de sanctionner une telle obligation.
Tel est dautant moins le cas lorsque comme en lespèce, la requérante a renoncé à sa requête aux mêmes fins.
En conséquence, la requête sur ce point manque manifestement de fondement.
3. Sur le second grief,
3.1 Non-respect de lArticle 20 du RPCR.
La teneur de cet Article est la suivante :
(1) Si une chambre juge nécessaire de s'écarter de l'interprétation ou de l'explication de la Convention figurant dans une décision antérieure de l'une des chambres, elle doit en fournir les motifs à moins que ceux-ci ne concordent avec une décision ou un avis antérieur de la Grande Chambre de recours. Le Président de l'Office européen des brevets est informé de la décision de la chambre.
(2) Si, dans sa décision, une chambre interprète la Convention d'une façon différente de celle prévue par les Directives, elle indique les motifs de son choix lorsque, à son avis, cela facilite la compréhension de la décision.
3.1.1 Cette objection qui se fonde sur les motifs de la décision ne pouvait pas être soulevée au cours de la procédure orale de sorte que les dispositions de la Règle 106 CBE ne sopposent pas à la recevabilité de la requête en révision sur ce point.
3.1.2 Il est de jurisprudence constante que les motifs justifiant la saisine de la Grande Chambre de Recours sont limitativement énumérés par lArticle 112bis(2) ensemble la règle 104 CBE ;(voir à cet égard notamment les décisions R 01/08 du 15 juillet 2008, point 2.1 des motifs mais aussi R 10/09 du 22 juin 2010, R 16/09 du 19 mai 2010 et en particulier la décision R 20/09 du 7 septembre 2010, point 3.2 des motifs). Une application éventuellement erronée dune règle contenue dans le RPCR ne constitue pas en soi une cause de révision, sauf à démontrer que de cette erreur il résulte une violation substantielle de procédure au sens des textes précités. Une telle preuve nest pas rapportée en lespèce. La seule affirmation dune violation du droit dêtre entendu qui sensuivrait est notoirement insuffisante.
3.2 Non-respect de lArticle 21 du RPCR.
La teneur de cet article est la suivante :
« Si une chambre juge nécessaire de s'écarter d'une interprétation ou d'une explication de la Convention figurant dans un avis antérieur ou dans une décision de la Grande Chambre de recours, elle en saisit cette dernière. »
Les observations développées au point précédent sappliquent également ici, tant en ce qui concerne la recevabilité que le bien-fondé de la requête.
Il y a lieu de préciser que lobjet de ces deux dispositions du RPCR vise clairement à garantir une interprétation uniforme de la CBE et non de protéger le droit des parties à être entendues.
En conséquence, la requête en révision doit être rejetée faute de fondement.
Dispositif :
Par ces motifs, il est statué à lunanimité comme suit :
- La requête en révision est rejetée comme étant manifestement non fondée.