European Case Law Identifier: | ECLI:EP:BA:2006:D000705.20060717 | ||||||||
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Date de la décision : | 17 Juillet 2006 | ||||||||
Numéro de l'affaire : | D 0007/05 | ||||||||
Numéro de la demande : | - | ||||||||
Classe de la CIB : | - | ||||||||
Langue de la procédure : | DE | ||||||||
Distribution : | |||||||||
Téléchargement et informations complémentaires : |
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Titre de la demande : | - | ||||||||
Nom du demandeur : | - | ||||||||
Nom de l'opposant : | - | ||||||||
Chambre : | DBA | ||||||||
Sommaire : | I. Par détail de la notation au sens de la règle 6(1) des dispositions dexécution du règlement relatif à lexamen européen de qualification des mandataires agréés (REE), il faut entendre une ventilation suffisante, en notes partielles, de la note maximale et de la note totale attribuée au candidat, ainsi quune indication des aspects techniques ou juridiques auxquels ces notes partielles se rapportent (point 9 des motifs). II. Lors de lélaboration des grilles de notation, il importe de mettre en balance leur finalité, à savoir la notation uniforme des candidats (article 16 REE), et la nécessité de noter équitablement des réponses qui séloignent du schéma, mais qui sont au moins acceptables et justifiées avec compétence. Les grilles de notation doivent donc laisser une certaine liberté dappréciation et être simplement suffisamment détaillées pour donner le détail de la notation au sens de la règle 6(1) des dispositions dexécution, et permettre aux candidats, à laide des textes publiés ou rendus accessibles, de vérifier si, lors de la notation de leurs copies, il a été porté atteinte à des principes de notation dont la Chambre peut contrôler lobservation (point 13 des motifs). III. Concernant la question de savoir si labsence dune obligation de motiver une décision négative en matière dexamens, allant au-delà de ce que prévoit la règle 6(1) des dispositions dexécution du REE, est contraire à certains principes de droit supérieurs, cf. point 25 s. des motifs. |
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Dispositions juridiques pertinentes : |
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Mot-clé : | - | ||||||||
Exergue : |
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Décisions citées : |
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Décisions dans lesquelles la présente décision est citée : |
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Exposé des faits et conclusions
I. Le recours est dirigé contre la décision du 29 septembre 2004 du jury dexamen pour lexamen européen de qualification, transmise au requérant par lettre en date du 8 octobre 2004, informant ce dernier de son échec à lexamen de qualification (EEQ) qui a eu lieu les 24, 25 et 26 mars 2004. Ayant déjà obtenu des notes suffisantes aux épreuves A à C, le requérant navait passé que lépreuve D de lEEQ 2004, à laquelle il avait obtenu 44 points sur 100, alors que 50 points étaient nécessaires pour réussir. La décision était accompagnée des feuilles de notation avec des détails concernant les notes attribuées par deux membres de la commission dexamen III compétente.
II. Par lettre datée du 9 novembre 2004 et parvenue le même jour à lOffice européen des brevets, le requérant a formé un recours contre la décision, accompagné dun mémoire exposant les motifs. La taxe de recours a été acquittée le 10 novembre 2004.
III. La commission dexamen na pas fait droit au recours, déférant celui-ci à la chambre de recours statuant en matière disciplinaire par lettre en date du 29 décembre 2004.
IV. Le requérant a tout dabord demandé que soient annulées les notifications du jury dexamen du 8 octobre 2004 et du 29 septembre 2004, que le jury dexamen lui fournisse des motifs de notation objectifs et fondés, quil lui soit imparti un délai raisonnable pour formuler des arguments techniques et juridique au sujet de la notation, et enfin quil soit établi une nouvelle notification relative au résultat de lexamen ; il a également demandé que son recours soit rapidement traité.
Dans sa première notification en lespèce, la Chambre de recours a notamment fait observer au requérant que les recours contre des décisions en matière dexamen devaient être traités dans lordre chronologique, par souci dégalité entre les candidats ajournés. Elle a attiré lattention sur quelques points intéressant de la présente espèce et donné au requérant loccasion de présenter des arguments supplémentaires.
Après la réponse du requérant, la Chambre de recours a demandé au jury dexamen de lui fournir les autres grilles de notation éventuellement disponibles pour la partie II de lépreuve D, les documents jusque-là accessibles dans le dossier ne permettant pas de déterminer à quels aspects techniques ou juridiques de lépreuve DII correspondaient les rubriques A, B, C et D de la feuille de notation de lépreuve D. Le jury dexamen a transmis à la Chambre une réponse expliquant à quelles thématiques majeures de la partie II de lépreuve D se rapportaient les rubriques A à D de la feuille de notation. En annexe figurait le document "DII 2004" ("feuille de notation détaillée") dépourvu de texte, comprenant une ventilation numérotée plus détaillée des thèmes A à D évoqués dans le formulaire de notation envoyé au requérant avec la décision. Le jury dexamen a soutenu que ces grilles de notation détaillées servaient uniquement à faire en sorte que les copies soient évaluées de façon uniforme, mais quelles étaient strictement confidentielles.
Dans une autre notification adressée au requérant en préparation à la procédure orale, la Chambre a émis son avis provisoire sur certains aspects de laffaire.
V. Le 29 mai 2006 sest tenue, devant la Chambre, la procédure orale à laquelle était invité le secrétaire de la commission dexamen III chargée de la notation de lépreuve D. Dans la convocation envoyée au secrétariat dexamen, la Chambre avait parallèlement souligné quelle ne voyait pas de raison dempêcher le requérant de prendre connaissance des documents disponibles détaillant la notation de la partie II de lépreuve D à laquelle avait participé le requérant. Après discussion des aspects de faits et de droit, le chef du secrétariat dexamen présent en tant que représentant du Président de lOffice européen des brevets a remis, à la demande de la Chambre, la grille de notation détaillée DII 2004 relative à la copie du requérant. Il a également donné lecture dune déclaration du Président de lOffice européen des brevets versée au dossier, selon laquelle lOffice, afin de rendre la procédure de notation de lEEQ aussi transparente que possible, jugeait approprié de mettre les grilles de notation détaillées à la disposition des candidats. Ceci pourrait se faire dans le cadre de la publication du Compendium des épreuves de lEEQ.
VI. La Chambre a accédé à la requête du requérant visant à obtenir, dune part un délai jusquau 30 juin 2006 pour prendre position sur les grilles de notation produites lors de la procédure orale, dautre part la tenue dune autre procédure orale. La Chambre na toutefois pas fait droit à une requête supplémentaire que le requérant a faite par écrit à lissue de la procédure orale, visant à obtenir dautres grilles de notation pour la partie I de lépreuve D. Le 3 juillet 2006, le requérant a déposé, concernant la notation de sa copie, une contre-argumentation technique provisoire ("vorläufige fachliche Gegendarstellung") exposant ses objections relatives à la notation de sa copie. Une nouvelle procédure orale a eu lieu le 17 juillet 2006.
VII. Dans la procédure orale et écrite, le requérant a essentiellement fait valoir ce qui suit :
1. La décision portant notification des résultats obtenus à lexamen ne comporte aucune motivation technique susceptible de rendre vérifiable, techniquement et juridiquement, la notation attribuée. En droit allemand, cette décision est illégale et anticonstitutionnelle. Elle porte atteinte au principe de légalité et à lordre public ainsi quà larticle 12, paragraphe 1 ensemble larticle 3, paragraphe1 ; à larticle 20, paragraphe 3 ensemble larticle 19, paragraphe 4 de la Loi fondamentale allemande. Elle est également contraire au droit européen.
Les copies du requérant ne comportent aucune note dans les marges, aucune justification de la part des correcteurs, et aucune réponse type. Cest la porte ouverte à toutes les manipulations. Le candidat est totalement à la merci des correcteurs. La jurisprudence constante de la Chambre de recours de lOffice européen des brevets statuant en matière disciplinaire, selon laquelle les décisions portant notification de léchec à lexamen de qualification ne doivent pas être motivées, porte fondamentalement atteinte au principe de légalité.
2. La Chambre a transmis au requérant la décision de la 4e division de la 2e chambre de la Cour constitutionnelle fédérale allemande du 4 avril 2001 (2 BvR 2368/99), selon laquelle les critères imposés par la Cour administrative fédérale quant à lobligation de motiver les décisions en matière dexamen ne peuvent pas, tout au moins en létat actuel des choses, être considérés comme lexpression des éléments structuraux dune protection des droits fondamentaux voulue par la Loi fondamentale allemande, telle que celle que larticle 24, paragraphe 1 assure déjà concernant les organisations supranationales. Cette décision a étonné un spécialiste du droit relatif aux examens, vu les décisions clés majeures rendues par lensemble de la 1ère chambre de la Cour constitutionnelle fédérale concernant les exigences auxquelles doit satisfaire, en droit constitutionnel, tout examen daccès à une profession. On peut difficilement imaginer quune chambre tout entière de la Cour constitutionnelle fédérale puisse approuver la jurisprudence de la 4e division dans un cas plus extrême encore tel que la présente espèce. Le requérant dans laffaire portée devant la 4e division de la 2e chambre semble navoir pas établi de façon convaincante que la protection juridique contre des décisions en matière dEEQ était généralement et manifestement inférieure à celle exigée par la loi fondamentale allemande, comme cest le cas dans la présente espèce où lon a affaire à un cas plus extrême encore dabsence de motivation permanente, systématique et intentionnelle. En effet, le requérant a déjà échoué cinq fois à lexamen européen de qualification. En labsence totale de motivation, les notations nont pas permis au requérant, comme cela aurait dû être le cas, de combler ses lacunes éventuelles et de repasser lexamen avec succès. En tant quingénieur diplômé et en raison de sa formation complémentaire, le requérant est qualifié pour exercer lactivité de mandataire européen et a investi des ressources considérables en vue de réussir les examens auxquels il sest représenté.
3. Dans son argumentation orale et écrite, le requérant approfondit les exigences ayant trait à laménagement dun système de notation des examens, qui se dégagent de la jurisprudence de la Cour administrative fédérale et de la Cour constitutionnelle fédérale eu égard au droit allemand en la matière, notamment en ce qui concerne lobligation de motiver les résultats et de prévoir une procédure de révision par les instances dexamen lorsquun candidat formule des objections fondées. Ces exigences et critères du droit allemand des examens sont applicables au niveau international, car ils découlent de ce que lon peut légitimement attendre au minimum du principe de légalité afin déviter larbitraire et les abus de pouvoir de la part des examinateurs.
Le règlement relatif à lEEQ des mandataires agréés souffre dune carence du point de vue du droit constitutionnel. Le fait que les décisions en matière dexamen ne soient pas assorties de la moindre justification ouvre la voie aux manipulations et méconnaît le principe de légalité. A quoi sert un système de notation par points qui échappe à toute compréhension logique parce quil ne permet pas de savoir combien de points le candidat a obtenus pour tel ou tel aspect partiel, à combien se monte le nombre de points au total, ni le nombre de points obtenus comparé aux autres candidats. La note de 44 points et la répartition sur les sections 1 à 11 et sur les rubriques A à D de la partie II daprès la feuille de notation transmise au requérant, ne sont que des alibis et ne remplissent aucune fonction dexplication ou de contrôle.
Si des critères propres à lexamen tels que la comparabilité, le niveau de difficulté etc. échappent au contrôle judiciaire, il nen va pas de même des divergences de vue essentiellement techniques entre le candidat et le correcteur. Par ailleurs, une réponse acceptable et bien argumentée ne peut pas être considérée comme incorrecte.
Que ce soit sur le plan réglementaire ou technique, lEEQ ne prévoit et ne comporte de facto aucune procédure de révision, puisque les correcteurs ne sont pas ouvertement nommés et ne sont pas tenus de motiver objectivement leur notation. Ceci a pour effet de priver demblée le candidat de toute protection juridique. Il est incroyable quune organisation supranationale de droit européen procède dune façon à ce point autoritaire.
Les décisions manquent de transparence et déquité, et il nest pas exclu quelles soient entachées de subjectivité: par exemple, le requérant étant allemand pourrait avoir été éliminé vu le nombre beaucoup trop élevé de mandataires agréés allemands, comparé aux autres nationalités, dautant plus que lanonymat des copies nempêche pas de déduire la nationalité, dès lors que les réponses sont rédigées en allemand. Le fait que ce soit le jury dexamen qui décide des notes, et non pas la commission dexamen qui a procédé à la notation, permet dexercer sur le résultat une influence qui paraît incompatible avec les impératifs dobjectivité, dégalité de traitement et de protection des droits fondamentaux qui doivent être respectés dans tout examen daccès à une profession. Dans ces conditions, il est possible que les décisions en matière dexamen soient prises sur la base de quotas de réussite ou de quotas nationaux.
4. Cette argumentation relève du droit européen car le principe de légalité, légalité de traitement, la liberté dexercer une profession, la liberté daction en général et le droit dagir en justice constituent effectivement des principes fondamentaux du droit européen.
5. A lissue de la première procédure orale devant la Chambre, le requérant a produit sa contre-argumentation technique provisoire ("vorläufige fachliche Gegendarstellung"), dans laquelle il explique, pour chacune de ses réponses à lépreuve D, pourquoi elles auraient dû lui valoir davantage de points que ceux que lui ont attribués les deux correcteurs.
VIII. Au terme de la deuxième procédure orale, le requérant a demandé :
1. Une expertise officielle neutre démontrant que les objections techniques du requérant concernant sa notation sont fondées et quelles devraient aboutir à la réussite de lépreuve, étant donné que plusieurs réponses acceptables et correctes du candidat telles que présentées dans ses objections techniques ont été considérées comme fausses, incorrectes ou insuffisantes ;
2. Lannulation de la décision attaquée portant notification de léchec à lexamen, et le renvoi de laffaire au jury dexamen pour nouvelle décision sur la base de la contre-argumentation produite.
Motifs de la décision
Procédure de notation et de prise de décision relative à lEEQ
1. La procédure de lEEQ est régie par le règlement relatif à lexamen européen de qualification des mandataires agréés (REE) arrêté par le Conseil dadministration de lOrganisation européenne des brevets (OEB) conformément à larticle134(8)a) CBE, ainsi que par les dispositions dexécution y afférentes arrêtées par le jury dexamen en application de larticle 7(6) REE.
2. Peut sinscrire à lEEQ toute personne qui remplit les conditions énoncées dans le REE en matière de qualification et dexpérience professionnelle. Le but de lexamen est de déterminer si le candidat est apte à exercer lactivité de mandataire agréé près lOffice européen des brevets.
3. LEEQ comprend quatre épreuves A à D (article 13(3) REE) portant chacune sur des aptitudes et connaissances spécifiques que doit posséder le mandataire agréé pour exercer sa profession. Le candidat qui nobtient pas les notes minimales requises la première fois quil passe lexamen peut repasser aussi souvent quil le souhaite les parties de lexamen auxquelles il a échoué. Il ne sera toutefois reçu à lEEQ dans son ensemble quaprès avoir obtenu un résultat suffisant à chaque épreuve.
4. Pour la conduite de lexamen, le jury constitue trois commissions dexamen (article 4(1) REE). La commission dexamen III est chargée de noter lépreuve D qui concerne les connaissances juridiques et les capacités de réflexion juridique du candidat (article 13(3)d) REE). La partie I de lépreuve D est composée de questions séparées (11 questions en 2004), la partie II dune ou plusieurs situations connexes que le candidat doit analyser, éventuellement en réponse aux questions de lépreuve. Vu le grand nombre de candidats qui participent chaque année à lEEQ (environ 1000 inscriptions à lépreuve D en 2004 ;source : Statistiques concernant les résultats de lEEQ 2004, accessible par le site www.epo.org, cliquer sur Examen européen de qualification, puis sur Résultats dexamen) et étant donné que chaque copie est corrigée par deux membres ("correcteurs") de la commission, la commission dexamen III est composée de nombreux correcteurs qui sont des fonctionnaires de lOEB ou des mandataires agréés. Deux correcteurs de la commission corrigent chaque copie, indépendamment lun de lautre. Larticle 24(1) REE prévoit la préservation de lanonymat des candidats lors de la notation. Le secrétariat dexamen transmet donc les copies de façon anonyme aux correcteurs, en apposant sur les copies un numéro correspondant à chaque candidat et à chaque épreuve. Seul le secrétariat dexamen connaît les noms des candidats. Afin de garantir que chacun des deux correcteurs note la copie de façon indépendante, chaque correcteur se voit également attribuer un numéro pour la notation. A lissue de la notation des copies par les correcteurs, la commission dexamen remet les copies au jury dexamen, accompagnées de la feuille de notation dans laquelle doivent figurer les détails relatifs aux points accordés par chacun des deux correcteurs pour les réponses du candidat, ainsi que des propositions de notes (article 8b) et c) REE, règle 6 des dispositions dexécution). Le jury prend connaissance des notes que lui proposent les commissions dexamen, fixe la note attribuée pour chaque épreuve et décide de ladmission ou de lajournement des candidats (article 7(3) REE). Cette décision est également prise dans lanonymat. Cest seulement après que le jury dexamen a pris sa décision que les résultats de lexamen sont attribués aux noms des candidats par le secrétariat dexamen, lequel notifie à chaque candidat la décision le concernant. Cette notification est accompagnée des feuilles de notation se rapportant aux copies. Les candidats auront déjà reçu un exemplaire de leurs copies, au terme de lexamen.
5. Le secrétariat dexamen publie chaque année, pour chacune des quatre épreuves, un Compendium que quiconque peut obtenir auprès de lOEB. Le recueil de lépreuve D qui est en cause ici comprend, en plus de lépreuve proprement dite, un modèle desolution dit "Possible Solution", un rapport général des correcteurs ("Examiners report"), une feuille de notation avec indication des notes les plus élevées attribuées pour les ensembles notés, ainsi que la copie dun candidat reçu, dans les trois langues officielles, afin dillustrer le niveau attendu des candidats.
Lobjection quant au caractère non vérifiable des décisions en matièredexamen
6. Le requérant a tout dabord allégué que le processus décisionnel relatif à lEEQ portait atteinte aux principes procéduraux de légalité, au motif quil ne permet pas aux candidats de vérifier leurs notes sur le plan technique et juridique.
7. La Chambre juge cette critique injustifiée dun point de vue structurel.
8. La règle 6(1) des dispositions dexécution prévoit que le détail de la notation figure sur les feuilles de notation. Cette disposition vise précisément à garantir, entre autres, que les décisions du jury dexamen puissent être vérifiées par les candidats (cf. à cet égard la décision D 12/82, JO OEB 1983, 233, point 4 des motifs). Comme la souligné la Chambre dans une décision antérieure, le contexte étant légèrement différent (D 1/01 du 23 avril 2004, non publiée, point 2.1 des motifs), la règle 6 des dispositions dexécution même sil sagit dune législation secondaire nest pas une simple formalité, mais un élément essentiel de la procédure dexamen pour les droits des candidats. Toute atteinte à cette règle peut entacher la procédure dexamen dirrégularité et entraîner lannulation de la décision attaquée.
9. Par détail de la notation, il faut entendre une ventilation suffisante, en notes partielles, de la note maximale et de la note totale attribuée au candidat, ainsi quune indication des aspects techniques ou juridiques auxquels ces notes partielles se rapportent. Grâce à ces indications, tout candidat est en mesure de comprendre la décision du jury dexamen le concernant en saidant du Compendium, même si cette décision ne fait pas lobjet dune motivation. Il peut, avec sa feuille de notation, comparer ses réponses à la "Possible solution" et aux copies des autres candidats, ce qui lui permet détablir si, et le cas échéant dans quelle mesure, c.-à-d. par rapport à quels aspects de lépreuve, ses réponses ont été considérées comme correctes et complètes ou comme erronées ou incomplètes. Il peut aussi déterminer si la notation de sa copie résulte éventuellement dune appréciation incorrecte susceptible dêtre révisée, dans le cadre dun recours, par la Chambre de recours statuant en matière disciplinaire (cf. aussi D 3/03 du 23 avril 2004, non publiée, point 4 des motifs, argumentation similaire du requérant).
10. Pour ce qui est de la partie I de lépreuve D, la feuille de notation publiée dans le Compendium de lEEQ 2004 et envoyée aux candidats satisfaisait aux exigences de la règle 6(1) des dispositions dexécution. Etant donné quelle comprenait une ventilation très détaillée des points pour chacune des 11 questions de cette partie et ne pouvait donc être contestée en tant que base pour la vérifiabilité de la notation au titre de la règle 6(1) des dispositions dexécution, le requérant navait, en lespèce, aucunement droit à dautres documents. En revanche, la feuille de notation de la partie II de lépreuve D était insuffisante, et même inutilisable quant à la vérifiabilité de la décision. Même en se fondant sur la structure de lépreuve et sur la "Possible solution" du Compendium, il est impossible à un non initié de déterminer à quels éléments de la réponse du candidat, dans la partie II de lépreuve D, correspondent les notes indiquées aux rubriques A, B, C et D de la feuille de notation. Ceci était particulièrement lourd de conséquences en lespèce, car à elle seule, la rubrique D rassemblait presque la moitié des points réalisables dans la partie II de lépreuve D.
11. Toutefois, il a été remédié à cette carence concernant la notation de la copie du requérant par le fait, quà la demande de la Chambre de recours, le requérant a eu accès aux grilles de notation détaillées de la partie II de lépreuve D qualifiées par le jury dexamen de "strictement confidentielles", et que la Chambre de recours lui a ensuite donné loccasion de formuler ses objections.
12. La feuille de notation envoyée au requérant ne répondant pas aux exigences de la règle 6(1) des dispositions dexécution, le requérant avait le droit de prendre connaissance des grilles de notation détaillées répondant auxdites exigences. Certes, les décisions rendues par la Chambre de recours statuant en matière disciplinaire ont parfois établi que les candidats nont pas droit à la divulgation des "grilles de notation éventuellement utilisées par les notateurs" (D 13/02 en date du11 novembre 2002, non publiée, point 6 des motifs), même si "une meilleure transparence serait souhaitable, afin que le candidat ajourné reçoive un plus grand nombre dindications lui permettant de savoir dans quelles épreuves et pour quelles raisons il na pas donné satisfaction" (D 12/82, loc. cit., point 6 des motifs). La Chambre est cependant davis que ces considérations ne doivent pas être employées hors de leur contexte. Elles portent sur des cas de figure où les feuilles de notation mises à la disposition du candidat remplissent manifestement les conditions minimales, tout au moins de justesse (D 12/82).
13. Il ne sensuit pas que les instances de notation soient généralement tenues de produire et de publier des grilles de notation décrivant la répartition des points dans les moindres détails et jusquau demi-point près, comme cela a été le cas dans les grilles de notation internes qui ont finalement été portées à la connaissance du requérant en lespèce. Une subdivision aussi fine de la notation relève en règle générale du pouvoir dappréciation, non contestable, dont disposent les instances de notation pour évaluer séparément les divers aspects des questions de lépreuve, et elle peut même faire obstacle à lobligation qui incombe au correcteur, lorsquil note les différentes parties des réponses, de ne pas perdre de vue leur valeur dans le contexte général de lépreuve(D 3/00, JO OEB 2003, 365, point 3 des motifs). Par ailleurs, les grilles de notation et leurs subdivisions visent à remplir lexigence de larticle 16 REE, selon laquelle les copies des candidats à lEEQ doivent être notées de façon uniforme. Lors de lélaboration des grilles de notation, il importe donc de mettre en balance leur finalité, à savoir la notation uniforme des candidats (article 16 REE), et la nécessité de noter équitablement des réponses qui séloignent du schéma, mais qui sont au moins acceptables et justifiées avec compétence. Les grilles de notation doivent donc laisser une certaine liberté dappréciation et être simplement suffisamment détaillées pour donner le détail de la notation au sens de la règle 6(1) des dispositions dexécution et permettre aux candidats, à laide des textes publiés ou rendus accessibles, de vérifier si, lors de la notation de leurs copies, il a été porté atteinte à des principes de notation dont la Chambre peut contrôler lobservation (à cet égard, cf. D 12/82, loc. cit., point 3 des motifs).
14. Toutefois, la Chambre adhère à la déclaration du Président de lOffice européen des brevets lue par le chef du secrétariat dexamen pendant la procédure orale, selon laquelle les schémas de notation existants qui ont effectivement servi de base à la notation doivent également être accessibles aux candidats. Eu égard au principe de légalité, la Chambre juge contestable que soient tenus des "dossiers secrets" auxquels le candidat na pas accès, qui contiennent des documents sur la base desquels les candidats sont notés et qui peuvent être décisifs quant à leurs possibilités de défense juridique (même raisonnement dans la décision D 18/04 du 28 janvier 2005, non publiée, point 2.2 des motifs : référence à la "liste secrète B" concernant la non-admission à lexamen). Par conséquent, les grilles de notation conformes à la règle 6(1) REE mises à la disposition des candidats doivent correspondre aux documents effectivement utilisés.
Absence dune obligation de motiver plus étendue
15. Le requérant prétend aussi avoir légalement droit à une justification spécifique pour les points obtenus à chacune de ses réponses, justification devant indiquer clairement, par exemple sous forme de remarques à même la copie, les raisons pour lesquelles les correcteurs ont seulement attribué tel nombre de points à telle ou telle réponse.
Dispositions applicables
16. Le REE et ses dispositions dexécution ne prévoient aucune obligation de motiver les décisions négatives en matière dexamen, si ce nest lenvoi des feuilles de notation avec le détail de la notation.
17. La règle 68(2) CBE, qui dispose que les décisions de lOEB contre les quelles un recours est ouvert doivent être motivées, nest pas applicable à la procédure de lEEQ, puisque les décisions du jury dexamen ne sont pas des décisions de lOEB. Comme le prévoit larticle 2 REE, le jury dexamen est un jury mixte, composé dagents de lOEB et de membres de linstitut des mandataires agréés près lOEB ("lInstitut"). Même si larticle 134(8)a) CBE charge le Conseil dadministration de lOrganisation européenne des brevets darrêter les dispositions relatives à la tenue de lexamen européen de qualification (REE), ces dispositions régissent une matière qui sort au sens strict du champ dapplication de la CBE, laquelle, conformément à larticle premier CBE, institue un droit commun aux Etats contractants en matière de délivrance de brevets dinvention. Le REE et ses dispositions dexécution sont lex specialis par rapport à la CBE, et la CBE nest applicable dans le cadre de ces dispositions que si elles se réfèrent expressément à la CBE (jurisprudence constante dans la ligne suivie par la décision D 12/97, JO OEB1999, 566, sommaire I et point 2 des motifs, revoir p.ex. D 3/03, point 3.iii) des motifs), ce qui nest pas le cas eu égard à la règle 68 CBE.
18. Cette situation juridique, selon laquelle il nexiste pas dautre obligation de motiver les décisions du jury dexamen que celle prévue à la règle 6(1) des dispositions dexécution, découle du droit pertinent et a été entérinée dans la jurisprudence constante de la Chambre, en tout cas pour les décisions du jury dexamen dans lesquelles celui-ci na pas de véritable pouvoir dappréciation et où la décision de réussite ou déchec découle de la somme arithmétique des points obtenus à chaque épreuve. Comme ces décisions en matière dexamens étaient déjà la règle par le passé et que le jury dexamen ne dispose dun pouvoir dappréciation que dans de rares cas limites où il sagit de décider si le candidat, bien que nayant pas obtenu la note minimale, semble apte à exercer lactivité de mandataire agréé compte tenu de limpression densemble qui se dégage de ses copies, il a été décidé, dans laffaire D 12/97, que labsence dobligation de motiver était la règle et que lobligation de motiver était lexception(D 12/97, loc. cit., point 2 des motifs, mais également D 1/93, JO OEB 1995, 227, point 12 des motifs et D 18/04 du 28 janvier 2005, point 2.2 des motifs). Daprès le droit relatif aux examens actuellement en vigueur, le jury dexamen na plus aucun pouvoir dappréciation. Larticle 17(1) REE et les règles 4 et 5 des dispositions dexécution fixent impérativement les nombres de points à partir desquels le jury dexamen doit déclarer quun candidat a réussi à lexamen ou a échoué.
Etendue du pouvoir de révision de la Chambre de recours statuant en matièreDisciplinaire
19. Hormis que les feuilles de notation visées à la règle 6(1) des dispositions dexécution servent déjà à motiver la décision, même si ce nest pas dans la mesure exigée par le requérant, et que cest à cette fin quelles furent introduites dans la procédure relative à lEEQ (D 12/82, point 5 des motifs), lavis de la Chambre, qui est déjà à la base de la décision D 12/97 (point 3 des motifs), est que la mesure dans laquelle le principe de légalité exige aussi la motivation individuelle des décisions en matière dexamen ne peut pas être évaluée sans prise en considération du pouvoir de révision de la Chambre disciplinaire en vertu de larticle 27(1) CBE. Labsence dobligation de motiver individuellement les décisions doit être comprise en rapport avec le fait que les décisions du jury dexamen dans la procédure de lEEQ ne sont que très partiellement contestables. A cet égard, le pouvoir de la Chambre de recours est nettement plus restreint que, par exemple, le pouvoir et lobligation de révision des tribunaux administratifs allemands dont le requérant fait état dans son argumentation orale et écrite. Une obligation de motiver davantage des décisions en matière dexamen na pas été prévue par le législateur et elle ne pourrait donc être instaurée par la Chambre de recours, à titre de perfectionnement du droit, que pour garantir un droit existant du candidat au contrôle de la décision par la Chambre de recours ou, comme lexprime le requérant, pour garantir, sur le plan procédural, le droit du candidat à une protection juridique efficace.
20. Larticle 27(1) REE dispose que les décisions du jury ne sont susceptibles de recours que pour violation du règlement relatif à lexamen européen de qualification des mandataires agréés (REE) ou de toute disposition relative à son application. Larticle 27(1) REE nautorise donc en principe la Chambre de recours statuant en matière disciplinaire quà contrôler la légalité de la procédure. En vertu de cette disposition, la Chambre de recours est seulement compétente pour vérifier si lexamen sest déroulé conformément aux dispositions et aux instructions applicables. Ainsi, la compétence de la Chambre de recours en matière de contrôle, selon la jurisprudence constante des chambres de recours (dans la ligne suivie par D 1/92 et D 6/92, JO OEB 1993, 357 et 361, revoir p.ex. D 3/00, loc. cit., point 1 des motifs), se limite à examiner sil a été porté atteinte au REE, à ses dispositions dexécution ou à un droit supérieur. En revanche, la Chambre de recours statuant en matière disciplinaire nest pas compétente pour vérifier sur le fond lensemble de la procédure dexamen et substituer son appréciation du fond à celle du jury dexamen. Larticle 27(1) REE nautorise pas la Chambre de recours statuant en matière disciplinaire à vérifier si la note attribuée à une copie dexamen est objectivement appropriée ou correcte, comme lexige le requérant en excipant du droit allemand (D 20/96 du 22 juillet 1998, point 9 des motifs). La Chambre de recours ne peut prendre en considération, dans le cadre dun recours, que les circonstances qui représentent un dysfonctionnement de la procédure dexamen, susceptible dêtre constaté sans quil faille procéder à un nouvel examen de la copie. Ce serait le cas, par exemple, si les notes accordées par les deux examinateurs sécartaient tellement que la différence de points à elle seule représenterait une violation du principe de luniformité de la notation, ou si une question de lexamen était formulée de façon contradictoire ou inintelligible (D 13/02, point 4 des motifs), ou encore si les correcteurs ont fondé leur notation sur des documents techniquement ou juridiquement erronés, sur lesquels est basée la décision attaquée(D 16/02 du 16 juillet 2003, point 3, D 6/04 du 16 juillet 2003, point 3 des motifs). Il nappartient pas à la chambre de recours statuant en matière disciplinaire de vérifier le nombre de points que mérite chaque réponse dun examen, ni de vérifier les critères sur la base desquels le jury dexamen détermine la notation des réponses attendues (D 13/02, point 5 des motifs).
21. Un pouvoir dappréciation étant essentiel pour la notation, et ce pouvoir nétant que peu sujet à une révision judiciaire par la Chambre de recours, la Chambre a estimé quil était loisible au législateur de ne prévoir aucune obligation de motivation qui aille au-delà de ce que prévoit la règle 6(1) des dispositions dexécution, et de limiter les révisions judiciaires aux violations de procédure à la fois manifestes et abusives quant à la notation des épreuves dexamen(D 12/97, JO OEB 1999, 566, point 3 des motifs). Dans cette décision, la Chambre, comme en lespèce, a également indiqué quil était suffisant denvoyer aux candidats ajournés les documents prévus à la règle 9(2) (règle 6(1) actuelle) des dispositions dexécution.
Article 125 CBE
22. Larticle 125 CBE dispose que lOffice européen des brevets, en labsence dune disposition de procédure dans la CBE, prend en considération les principes généralement admis en la matière dans les Etats contractants. Il incombe cependant à la partie invoquant lapplicabilité générale desdits principes au sens de larticle 125 CBE dapporter la preuve de leur existence et de leur contenu (D 12/97, loc. cit.). Le requérant a seulement fait référence au droit allemand en matière dexamens et na pas expressément invoqué larticle 125 CBE. Il na pas formulé de commentaire au sujet du jugement 2P.311/2004 du Tribunal fédéral suisse en date du 31 août 2005 que lui a transmis la Chambre, concernant un recours pour violation de droits constitutionnels contre une décision de la Advokaten-Prüfungsbehörde du canton de Bâle-Ville.
23. Ce jugement nétaye pas la position juridique du requérant. Il montre, au contraire, que le pouvoir de révision limité de linstance de recours, qui justifie intérieurement labsence dune obligation plus étendue de motiver des décisions en matière dexamens, a ses équivalents dans les systèmes juridiques dautres Etats parties à la CBE.
24. Il ressort de ce jugement que, dans le cadre dun recours pour violation de droits constitutionnels, le Tribunal fédéral suisse ne contrôle la notation des copies dexamen quafin de sassurer que les dispositions cantonales pertinentes en matière de procédure ont été appliquées de façon non arbitraire, en tenant compte des garanties constitutionnelles minimales. Le Tribunal sastreint à la plus grande réserve dans lappréciation du fond, nintervenant que si ladministration sest laissé guider par des considérations subjectives ou manifestement inacceptables, de sorte que sa décision ne peut plus être défendue eu égard au principe de légalité et quelle apparaît comme arbitraire (point 3.1 des motifs).
Labsence dune obligation de motiver plus étendue est-elle contraire à dautres principes de droit supérieurs ?
25. Le requérant a tout dabord fait valoir que daprès le droit allemand en matière dexamens, en conformité avec la Loi fondamentale, chaque candidat a droit à ce que la décision concernant son examen soit dûment motivée, ceci notamment compte tenu de limportance du droit fondamental de la liberté de profession et du droit du candidat à "une protection juridique (et constitutionnelle) efficace sur le plan procédural", et de son droit à une procédure de révision consécutive visant à prendre en considération les objections techniques à lencontre de la décision relative à lexamen. Il allègue que seuls des paramètres purement spécifiques à lexamen, comme le degré de difficulté ou la comparabilité avec dautres résultats de lexamen, font lobjet du pouvoir dappréciation incontestable des correcteurs. Dans la procédure de révision, il incombe aux correcteurs de répondre de façon précise, justifications concrètes à lappui. Cependant, il ne ressort pas très clairement de largumentation du requérant si tous ces aspects du droit allemand relatif aux examens doivent être considérés comme découlant directement de principes constitutionnels. Ceci nest toutefois pas déterminant en lespèce.
26. Le droit allemand relatif aux examens nest pas applicable en tant que tel aux instances de notation de lexamen européen de qualification. Il semble cependant évident à la Chambre que toutes les instances administratives et les chambres de recours intervenant dans la situation juridique des parties concernées doivent conduire leurs procédures conformément au principe de légalité, dans le cadre de leurs compétences. Il sagit là toutefois dun principe très général et des conceptions différentes peuvent exister quant aux conséquences à en tirer dans les cas concrets. En tout état de cause, il nest pas possible, dans un système juridique international, daffirmer quune procédure sinspirant du droit allemand relatif aux examens serait, parmi les valeurs normatives en vigueur dans de nombreux Etats contractants, la seule qui soit conforme au principe de légalité.
27. Dans sa première notification, la Chambre avait attiré lattention du requérant sur la décision 2 BvR 2368/99 de la Cour constitutionnelle fédérale allemande(BVerfG) en date du 4 avril 2001.Cette décision concernait un recours constitutionnel formé par une personne ayant échoué à lexamen européen de qualification, qui alléguait le caractère anticonstitutionnel de la décision du fait quil nexistait pas dobligation de la motiver. Dans cette décision, la Cour constitutionnelle fédérale sétait déjà demandé si le devoir de motiver les décisions en matière dexamens, dérivé dans cette affaire-là dun jugement de la Cour administrative fédérale, était généralisable à tous les types dexamens donnant accès à une profession en Allemagne. La Cour constitutionnelle fédérale a conclu que les critères invoqués par le requérant en rapport avec la décision précitée de la Cour administrative fédérale, notamment quant à lobligation de motiver les décisions en matière dexamens, ne pouvaient, tout au moins pas en létat actuel des choses, être considérés comme lexpression des éléments structuraux dune protection des droits fondamentaux voulue par la Loi fondamentale allemande, telle que celle que son article24, paragraphe 1 assure déjà concernant les organisations supranationales(point 4 b des motifs). Il sensuit que la Cour constitutionnelle fédérale ne considère pas que chaque aspect de la jurisprudence allemande relative aux décisions en matière dexamens (en loccurrence de la Cour administrative fédérale) constitue lexpression de ces éléments structuraux, notamment pour ce qui est de lobligation de motiver les décisions en matière dexamens.
28. Par conséquent, les éléments dune motivation des décisions en matière dexamens exigés par la jurisprudence allemande, comme les invoque le requérant, sont également sans objet du point de vue de cette jurisprudence constitutionnelle pour les exigences concernant le principe de légalité, auxquelles devrait satisfaire lorganisation de lEEQ. La Cour constitutionnelle fédérale, dans la décision précitée, a estimé que labsence dobligation de motiver les décisions dans le règlement relatif à lEEQ nallait pas à lencontre des éléments structuraux de la protection des droits fondamentaux.
29. Le requérant a dautre part allégué que la prise de décisions en matière dexamens sans aucune obligation de les motiver portait atteinte aux principes fondamentaux du droit européen, notamment du droit administratif européen, et que la protection des droits fondamentaux en vertu du droit constitutionnel allemand sappliquait par analogie en droit européen. Bien quy ayant été invité par la Chambre, le requérant na pas précisé les sources de droit international auxquelles il se réfère en tant que "droit européen". Il na pas démontré lexistence ni le contenu de normes juridiques internationales ou de principes de droit international reconnus auxquels porteraient atteinte labsence dobligation de motiver allant au-delà de ce que prévoit la règle 6(1) des dispositions dexécution du REE, ainsi que la limitation de la révision à un contrôle des aspects juridiques.
30. La Cour européenne des droits de lHomme, dans son arrêt Van Marle et autres c. Pays-Bas en date du 26 juin1986, point 34 s., a jugé quil était compatible avec larticle 6(1) de la CEDH que la décision dune instance dexamen ne puisse être révisée par une instance judiciaire quen ce qui concerne les objections relatives à la légalité de la procédure, p.ex. pour décision arbitraire, détournement de pouvoir, irrégularités procédurales et pour contrôler lapplication correcte des conditions dadmission, car lévaluation des connaissances et de lexpérience nécessaires à lexercice dune profession donnée assortie dun titre est à ce point éloignée des fonctions habituelles du juge que les garanties de larticle 6 CEDH ne sont pas applicables (fin du point 36). La Cour a confirmé ce principe dans son arrêt San Juan c. France en date du 28 février 2002, en fin de décision, et le Tribunal fédéral suisse a également invoqué ces décisions dans la décision citée en ce qui concerne la compatibilité de son pouvoir de révision limité avec larticle 6 CEDH (point 2.6 s. des motifs).
31. Par conséquent, la limitation du pouvoir de révision de la Chambre de recours statuant en matière disciplinaire au titre de larticle 27(1) REE ne peut être qualifiée de contraire au droit international, pas plus que labsence dune obligation de motiver les décisions en matière dexamens allant au-delà de ce que prévoit la règle 6(1) des dispositions dexécution du REE, dans la mesure où une telle obligation, comme cest le cas dans la procédure de lEEQ, se rapporte à des aspects des décisions qui ne sont pas sujets à révision par la Chambre de recours.
Autres objections dordre général à lencontre de la procédure de lEEQ
32. En vertu de larticle 7(3) REE, critiqué par le requérant, le jury dexamen fixe la note définitive attribuée pour chaque épreuve et décide de ladmission ou de lajournement des candidats. Il ne peut y avoir dobjection à cet égard puisque larticle 2(1) REE dispose que cest le jury dexamen qui organise et conduit lexamen, même sil constitue à cet effet des commissions conformément à larticle 4(1) REE. Cette organisation de lexamen avec délégation de (sous-) fonctions est indispensable étant donné le nombre de candidats qui participent chaque année à lEEQ (cf. ci-dessus, point 4 des motifs). En outre, il est nécessaire que le jury dexamen prenne une décision densemble, du fait que chaque commission dexamen nest responsable que de la notation de certaines copies.
33. Le requérant a allégué que la procédure de lEEQ ne prévoyait pas de révision par le jury dexamen lorsque le candidat forme un recours contre une décision. Tel nest pas le cas, même si la procédure (révision préjudicielle) nest pas organisée comme la procédure allemande décrite par le requérant. Daprès larticle 27(3) REE, le jury dexamen doit faire droit à un recours sil le juge recevable et fondé. Avant même de déférer le recours à la Chambre de recours, il doit voir lui-même si les arguments avancés par le requérant justifient lannulation de la décision. Sil constate que cest le cas, il doit faire droit au recours, cest-à-dire annuler sa décision. Dans le cas contraire, il défère le recours à la Chambre de recours statuant en matière disciplinaire, sans avis sur le fond (cf. pour les recours au titre de la CBE, larticle 109 CBE dont sinspire la disposition). Pour comprendre cette procédure, il faut avoir présent à lesprit que contrairement aux affaires devant le tribunal administratif, la première instance ne participe pas à la procédure devant les chambres de recours, car il y a lieu déviter que linstance qui a rendu la décision attaquée ne puisse influencer la procédure de recours en exposant les motifs pour lesquels elle na pas effectué de révision préjudicielle.
34. La possibilité de manipulation évoquée par le requérant, notamment en fonction des nationalités, est sans fondement compte tenu de la façon dont est organisée la notation, celle-ci étant entièrement anonyme en vertu de larticle 24(1) REE, y compris devant le jury dexamen (cf. ci-dessus, point 4 des motifs).
35. Lexamen de qualification a pour but détablir si un candidat est apte à exercer lactivité de mandataire agréé, qui est essentiellement celle dun juriste/avocat. Les connaissances et aptitudes nécessaires sont avérées uniquement par les résultats obtenus à lexamen, et nullement par la formation requise ou par des qualifications techniques. Lépreuve D teste exclusivement les connaissances en droit et les capacités du candidat en tant que juriste/avocat. Si un candidat se révèle incapable dobtenir une note suffisamment élevée pour réussir cette épreuve, il nest pas apte à exercer lactivité de mandataire agréé.
36. LEEQ na aucune fonction de formation. Il vise uniquement à déterminer si le candidat est apte à agir en tant que mandataire agréé pour représenter des parties dans les procédures devant lOEB. LEEQ sert à sanctionner et non à dispenser une qualification (D 12/82, loc. cit., point 6 des motifs). Il appartient donc au candidat dacquérir les aptitudes et les connaissances exigées pour réussir lexamen, en utilisant les nombreux outils disponibles à cet effet. La publication des compendia des examens de qualification antérieurs a aussi pour but daider les futurs candidats en leur fournissant des exemples en préparation aux épreuves.
Les "objections techniques" du Requérant
37. Après la deuxième procédure orale, le requérant a produit un avis détaillé auquel était jointe une "solution possible à la partie II de lépreuve D 2004". A cet égard, le requérant a indiqué quil navait pas été vérifié si cette solution était correcte, et quelle servait seulement à illustrer son approche, notamment quant aux sections A à C de la partie II de lépreuve D 2004. Il sagit manifestement dune épreuve hypothétique. Quoiquil en soit, lappréciation de la prestation du candidat à lexamen ne peut se fonder que sur les copies quil a remises le jour de lexamen. Ne peuvent servir de base à la notation dune copie que les considérations attribuables aux arguments développés par le candidat ou dérivables de ces arguments. En revanche, les explications postérieures ne peuvent entrer en ligne de compte (D 16/02, point 3.2 des motifs, à la fin). Il nest pas possible de noter une copie sur la base dune comparaison avec une autre copie, réelle ou hypothétique, qui aurait pu être celle du candidat, mais qui ne la pas été (D 13/02, point 3 des motifs, D 17/05 en date du 19 juillet 2005, point 2 des motifs). La Chambre na donc pas pris en considération cette annexe jointe à lavis du requérant.
38. Parmi les nombreux arguments avancés par le requérant dans ce document, seules les trois questions abordées ci-dessous au sujet de la notation pourraient être attribuées à des erreurs susceptibles en tant que telles de faire lobjet dune révision par la Chambre de recours. Elles concernent les points A.7, A.8 et D.7 de la grille de notation ou de la "Possible Solution", ainsi quune "erreur de calcul" dans la somme des points accordés à la rubrique B de la feuille de notation par un des correcteurs qui se serait trompé de 0,5 point au détriment du requérant.
39. Les rectifications correspondantes, si elles étaient fondées, pourraient augmenter la note du candidat de 4,5 points au maximum, majoration qui ne lui permettrait tout de même pas daboutir à un résultat suffisant pour réussir lépreuve D. Le requérant a obtenu 44 points à lépreuve D, 50 points étant nécessaires pour réussir.
40. Abstraction faite de l"erreur de calcul", dont on peut supposer au bénéfice du requérant quelle était présente dès le départ et ne découlait pas dun changement davis du correcteur avant de remplir la feuille de notation définitive du requérant, le requérant na pas démontré quun correcteur avait commis une erreur de notation ayant une incidence sur le nombre de points attribués à la copie.
41. Quant à lomission de la Slovénie à la section D.7 de la grille de notation détaillée, qui mentionne certains Etats contractants de la CBE comme étant couverts par la désignation EP dans la demande PCT Leda, mais ninclut pas la Slovénie, pourtant déjà partie à la CBE à la date considérée, le requérant a concédé, lors de la procédure orale, que cette omission navait absolument aucune incidence sur la note accordée à sa réponse. En effet, dans sa réponse, le requérant ne mentionne aucun Etat contractant de la CBE, affirmant, au contraire, catégoriquement et à tort, que la demande PCT Leda voit sa nouveauté détruite par la demande EP Zeus, et que Leda ne peut donc pas obtenir de brevet en Europe. La particularité juridique de cet aspect de la situation, telle que reflétée par les points prévus aux rubriques D.7 et D.8, était que la demande EP Zeus antérieure ne représentait pas létat de la technique pour les Etats contractants mentionnés, parce quà la date du dépôt de cette demande, ces Etats ne pouvaient pas encore être désignés, et que pour ces Etats européens, une protection par brevet était possible via la demande PCT Leda. Cette particularité na aucunement été abordée par le requérant dans sa réponse, et ne peut donc pas être notée comme sil lavait identifiée.
42. Le requérant critique également le fait quun des correcteurs aurait indiqué "erronément" dans la marge de sa grille de notation pour les rubriques A.8 et A.9que le requérant avait commis une "grave erreur de priorité". Toutefois, le requérant ne motive pas ce grief et la Chambre ne voit pas en quoi une telle appréciation serait clairement inacceptable sur le plan juridique. Au contraire, le requérant, ici non plus, na pas pu identifier le problème posé à la partie II de lépreuve D, que la grille de notation détaillée subdivise dans les éléments de réponse A.8 et suivants. Dans la "Possible Solution", sous "Basic software"(Compendium, p. 68/69), il est tout dabord indiqué que la divulgation du "basic software" lors de la conférence devenait partie intégrante de létat de la technique pour tout objet postérieur ne pouvant pas revendiquer la priorité de la demande EP Oedipus. Il est ensuite signalé quun problème de priorité pourrait surgir en cas de transcription de la demande EP Oedipus au nom dElectra, avant que la priorité ne soit revendiquée pour Electra, car avec Electra comme déposant, la demande FI Electra pouvait être considérée comme premier dépôt au sens de larticle 87 CBE. La "Possible Solution" propose déviter le problème en renonçant provisoirement ou définitivement à la transcription de la demande EP Oedipus au nom dElectra. Sous "Status und Rechtsstand der Oedipus-EP" (Situation juridique de la demande EP Oedipus), le requérant a tout dabord indiqué quun droit de priorité découlait de la demande EP Oedipus pour le logiciel de base (objet (3)), du fait que la demande EP Oedipus était la première demande dOedipus ayant pour objet ce logiciel. Sous "Schutz der Erfindungen" (Protection des inventions) (transcription dans la lettre du 30 juin 2006, p. 49), le requérant recommande alors de déposer, pour le logiciel de base (entre autres), une nouvelle demande internationale, et de revendiquer la priorité de la demande EP Oedipus. Pour ce faire, le transfert de cette demande au nom dElectra simpose. La réponse du requérant naborde absolument pas le problème dont il est question dans la "Possible Solution". Cest donc à raison que le problème na pas été considéré comme ayant été identifié.
43. Par ailleurs, le requérant se contente dargumenter dans les détails au sujet de la signification, du degré dexactitude ou de complétude, ou tout au moins dacceptabilité, de ses réponses dans lépreuve D, et à expliquer pourquoi elles mériteraient davantage de points quelles nen ont obtenu.
44. Ces aspects de la notation nétant pas soumis au pouvoir de révision de la Chambre (cf. plus haut, point 20 des motifs), celle-ci ne peut pas les examiner sur le fond, à lexception des points précités. Par conséquent, la requête du requérant visant à obtenir une expertise doit également être rejetée. Au demeurant, la Chambre elle-même disposerait de lexpertise nécessaire sil était juridiquement en son pouvoir de revoir la notation de la copie du requérant sur le fond. Lors de la deuxième procédure orale, la Chambre avait attiré lattention du requérant sur le pouvoir de révision limité de la Chambre en rapport avec sa requête visant à obtenir un délai supplémentaire pour prendre position, et le requérant avait déclaré en personne être au courant.
45. Etant donné ce qui précède, le recours doit être rejeté.
Dispositif
Par ces motifs, il est statué comme suit :
Le recours est rejeté.